Les défauts de l'insulinosensibilité et de l'insulinosécrétion démarrent avant les troubles de la régulation du glucose chez les jeunes obèses
L’histoire naturelle de la tolérance au glucose, de la sensibilité à l’insuline et la sécrétion d’insuline chez les obèses est mal connue. Des concentrations de glucose situées dans la valeur haute de la normale à l’occasion d’un test d’hyperglycémie provoquée orale indiquent-elles un risque d’apparition d’un trouble de la tolérance au glucose ?
Afin de le savoir, une équipe italienne et américaine a analysé la sécrétion d’insuline et la sensibilité à l’insuline à l’occasion d’un clamp hyperinsulinémique euglycémique et d’un clamp hyperglycémique chez des adolescents obèses qui avaient tous une tolérance au glucose considérée comme normale lors d’une hyperglycémie provoquée orale. Ces adolescents obèses ont été divisés en 3 groupes suivant la valeur de glycémie observée 2 heures après charge en glucose (< 1 g, 1 à 1.19 g/l et 1.20 à 1.39 g/l). Les mêmes épreuves ont été faites chez 21 adolescents obèses présentant une intolérance au glucose (glycémie 2h post glucose > 1,40 g/l mais <2g/l). La tolérance au glucose a été ensuite réévaluée 2 ans plus tard.
La sensibilité à l’insuline a diminué de manière significative dans toutes les catégories de tolérance au glucose normale et la catégorie la plus élevée de tolérance au glucose normale et le groupe des intolérants au glucose étaient similaires. La première phase d’insulinosécrétion a diminué pour toutes les catégories de tolérance au glucose normale alors qu’aucune différence n’a été trouvée entre le groupe le plus élevé de tolérance au glucose normale et les sujets ayant une intolérance au glucose. La seconde phase d’insulinosécrétion était similaire parmi tous les groupes ayant une tolérance au glucose normale et une intolérance au glucose. L’index de sensibilité a diminué à travers toutes les catégories de tolérance au glucose normale alors qu’aucune différence n’a été observée entre le groupe de tolérance au glucose normale le plus élevé avec la glycémie la plus élevée et le groupe des sujets ayant une intolérance au glucose. L’âge et l’index d’insulinosensibilité étaient les meilleurs prédictifs de la glycémie à 2 heures après 2 ans.
Ainsi, chez les jeunes obèses qui sont considérés comme ayant une tolérance au glucose normale mais dont les glycémies 2 heures après charge en glucose sont dans les valeurs les plus élevées, une diminution de la fonction β-cellulaire s’est déjà développée (en comparaison de la sensibilité à l’insuline qui reste normale), augmentant le risque ultérieur d’intolérance au glucose.
Pr Philippe Chanson le 20/05/2012
Giannini C et al. Evidence for early defect in insulin sensitivity and secretion before the onset of glucose dysregulation in obese youths. Diabetes 2012; 61 : 606-614.
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22315322